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3 deniers par jour, égaux à 9 d’aujourd’hui[1]. Ainsi, les salaires de ces ouvriers, en les supposant constamment employés, étaient fort au-dessus des honoraires du curé ; et en supposant le maître maçon sans ouvrage pendant un tiers de l’année, ses salaires étaient encore aussi élevés que ces honoraires. Dans le statut de la douzième année de la reine Anne, chapitre xii, il est dit : « Qu’attendu qu’en plusieurs endroits les cures ont été mal desservies faute de fonds suffisants pour entretenir et encourager les curés, l’évêque sera autorisé à leur allouer, par acte revêtu de sa signature et de son sceau, des émoluments ou une rétribution fixe et suffisante, qui n’excède pas 50 livres, et qui ne soit pas au-dessous de 20 livres par an. » On regarde aujourd’hui 40 livres par an comme une rétribution suffisante pour un curé[2], et malgré cet acte du Parlement, il y a beaucoup de cures au-dessous de 20 livres[3]. Or, il y a à Londres des cordonniers à la journée qui gagnent 40 livres par an, et il n’y a presque pas un ouvrier laborieux, de quelque genre que ce soit, dans cette capitale, qui n’en gagne plus de 20. Cette dernière somme n’excède même pas ce que gagnent très-souvent de simples manœuvres dans plusieurs paroisses de campagne, Toutes les fois que la loi a cherché à régler les salaires des ouvriers, c’est toujours pour les faire baisser plutôt que pour les élever ; mais en maintes occasions la loi a tâché d’élever les honoraires des curés, en obligeant les recteurs des paroisses, pour maintenir la dignité de l’Église, à leur donner quelque chose de plus que la misérable subsistance qu’ils se seraient volontiers soumis à accepter. Dans l’un comme dans l’autre cas, la loi a également manqué son but, et elle n’a jamais eu le pouvoir d’élever le salaire des curés, non plus que d’abaisser ce-

  1. Voyez le statut des ouvriers, vingt-cinquième année d’Édouard III. Note de l’auteur.
  2. Un curé est le dernier grade ecclésiastique dans l’église d’Angleterre ; c’est un ministre gagé pour desservir la cure pendant la vacance du bénéfice ou l’empêchement du titulaire. Garnier.
  3. Un acte passé en 1817 (57, Geo. III, ch. xcxix) autorise les évêques à nommer des curés et à leur assigner une pension qui, en aucun cas, ne doit être au-dessous de 80 livres sterling par an, et qui doit s’élever à 150 livres sterling, suivant l’accroissement de la population dans la paroisse. Mais, bien que cet acte ait certainement amélioré la condition des curés, on peut douter encore, par les raisons que donne le docteur Smith, que les dispositions de cet acte ne soient éludées par des conventions privées entre les curés et ceux qui les emploient. Mac Culloch.