Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/210

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lage. Dans une ville qui s’enrichit, ceux qui ont de gros capitaux à employer ne peuvent souvent trouver autant d’ouvriers qu’ils voudraient ; et pour s’en procurer le plus qu’ils peuvent, ils enchérissent les uns sur les autres, ce qui fait hausser les salaires et baisser les profits. Dans les campagnes éloignées, les capitaux ne suffisent pas d’ordinaire pour occuper tout le monde, en sorte que les ouvriers s’offrent au rabais pour se procurer de l’emploi, ce qui fait baisser les salaires et hausser les profits.

En Écosse, quoique le taux légal de l’intérêt soit le même qu’en Angleterre, cependant le taux de la place est plus élevé. Les gens les plus accrédités y empruntent rarement au-dessous de 5 p. 100 ; les banquiers d’Édimbourg donnent même 4 p. 100 sur leurs bons, payables en tout ou en partie à la volonté du porteur. Les banquiers, à Londres, ne donnent pas d’intérêt pour l’argent déposé chez eux. Il y a peu d’industries qui ne puissent s’exercer en Écosse avec de plus faibles capitaux qu’en Angleterre ; le taux commun du profit y doit donc être un peu plus élevé. On a déjà observé que les salaires étaient plus bas en Écosse qu’en Angleterre ; aussi le pays est-il non-seulement beaucoup plus pauvre, mais encore ses progrès vers un état meilleur, car il est clair qu’il en fait, semblent-ils être bien plus lents et bien plus tardifs[1].

En France, le taux légal de l’intérêt, pendant le cours de ce siècle, n’a pas toujours été réglé sur le taux de la place. En 1720, l’intérêt fut réduit du denier 20 au denier 50, ou de 5 à 2 p. 100. En 1724, il fut porté au denier 30, ou à 3 1/2 p. 100. En 1725, il fut remis au denier 20, ou à 5 p. 100. En 1766, sous l’administration de M. Laverdy, il fut réduit au denier 25, ou à 4 p. 100. L’abbé Terray le porta ensuite à l’ancien taux de 5 p. 100. On suppose que l’objet de la plupart de ces réductions forcées de l’intérêt était d’amener la réduction de l’intérêt des dettes publiques, et ce projet a été quelquefois mis à exécution. La France est peut-être pour le moment un pays moins riche que l’Angleterre ; et quoique le taux légal de l’intérêt ait souvent été plus

  1. Depuis la guerre d’Amérique, le progrès a été plus rapide en Écosse qu’en Angleterre, et peut-être que dans aucun autre pays. Voyez l’article Agriculture et le chapitre qui traite de l’amélioration qu’ont éprouvée le régime alimentaire, les vêtements, etc., dans la Statistique de la Grande-Bretagne, par Mac. Culloch. A. B.