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taux ordinaire de l’intérêt varie dans un pays, nous pouvons compter que les profits ordinaires des capitaux varient en même temps ; qu’ils baissent quand il baisse, et qu’ils montent quand il monte. Les progrès de l’intérêt peuvent donc nous donner une idée du profit du capital.

Par le statut de la trente-septième année du règne de Henri VIII, tout intérêt au-dessus de 10 p. 100 fut déclaré illégitime. Il paraît qu’avant ce statut, on prenait quelquefois un intérêt plus fort. Sous le règne d’Édouard VI, le zèle religieux proscrivit tout intérêt. On dit cependant que cette prohibition, comme toutes les autres de ce genre, ne produisit aucun effet, et il est probable qu’elle augmenta le fléau de l’usure, plutôt que de le diminuer. Le statut de la treizième année d’Élisabeth, chapitre VIII, fit revivre celui de Henri VIII, et le taux légal de l’intérêt demeura fixé à 10 p. 100, jusqu’à la vingt et unième année du règne de {{Jacques|I}roi|}er, où il fut réduit à 8 p. 100. Bientôt après la restauration, il fut réduit à 6 p. 100, et par le statut de la deuxième année de la reine Anne, à 5 p. 100. Tous ces différents règlements paraissent avoir été faits avec beaucoup d’égards aux circonstances. Ils semblent avoir suivi et non précédé le taux de l’intérêt de la place, ou le taux auquel empruntaient habituellement les gens qui avaient bon crédit. Il paraît que, depuis le temps de la reine Anne, 5 p. 100 a été un taux plutôt au-dessus qu’au-dessous de celui de la place. Avant la dernière guerre, le gouvernement empruntait à 3 p. 100 ; et dans la capitale, ainsi qu’en beaucoup d’autres lieux du royaume, les gens qui avaient bon crédit empruntaient à 3 1/2, 4 et 4 1/2 p. 100.

Depuis le règne de Henri VIII, la richesse et le revenu national ont toujours été en croissant et, dans le cours de leurs progrès, leur mouvement paraît avoir été graduellement accéléré plutôt que retardé. Ils paraissent non-seulement avoir toujours avancé, mais encore avoir toujours avancé de plus vite en plus vite. Durant la même période, les salaires du travail ont été continuellement en augmentant, et les profits des capitaux, dans la plus grande partie des différentes branches de commerce et de manufactures, continuellement en diminuant.

Il faut, en général, un plus grand capital pour faire aller un genre quelconque de commerce dans une grande ville que dans un village. Dans une ville importante, les grands capitaux versés dans chaque branche de commerce, et le nombre des riches concurrents, réduisent généralement le taux du profit au-dessous de ce qu’il est dans un village. Mais les salaires du travail sont, en général, plus hauts dans une grande ville que dans un vil-