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à Oxford, que l’on trouve le futur économiste tout entier occupé des mathématiques et de ce que les Anglais appellent la philosophie naturelle, qu’il abandonna bientôt pour se livrer à l’étude des sciences morales et politiques.

Il paraît que sa famille le destinait à la carrière ecclésiastique ; mais soit qu’Adam Smith ne se sentît aucune vocation pour cet état, soit que ses premières lectures philosophiques l’en eussent détourné, il s’adonna avec ardeur à la littérature contemporaine, où régnaient souverainement alors les doctrines de la philosophie railleuse et sceptique dont Voltaire était l’apôtre en France, et Hume en Angleterre. Adam Smith fut plus d’une fois réprimandé par l’orthodoxie de ses supérieurs universitaires, pour avoir dérivé vers ces bords dangereux ; mais au bout de sept ans de séjour à Oxford, il était devenu un libre penseur, et sa philosophie s’était affranchie de la routine des écoles, y compris celle du docteur Hutcheson, célèbre professeur à l’université de Glasgow, qui avait été son premier maître. On croit que c’est de cette époque que datent ses sympathies pour l’historien économiste Hume, avec lequel il se lia plus tard d’une amitié vive et sincère, qui ne finit qu’avec leur vie. Adam Smith employait ses moments de loisir à l’étude des langues vivantes, principalement de la nôtre, et cette connaissance ne contribua pas peu, par la suite, aux relations qu’il entretint avec les économistes et les encyclopédistes du dix-huitième siècle. Ses biographes n’ont pas assez fait remarquer cette circonstance importante, qui exerça une immense influence sur son génie, et à laquelle nous devons peut-être la tendance philosophique et réformatrice de ses ouvrages. C’est ainsi que peu d’années après, M. Huskisson, le plus illustre de ses élèves, puisait, dans un premier voyage à Paris, le germe des réformes économiques dont il a eu l’honneur de doter son pays.

Après une résidence de sept ans à Oxford, Adam Smith revint en Écosse auprès de sa mère, et s’établit, en 1748, à Édimbourg, où ses leçons de belles-lettres attirèrent un grand nombre d’auditeurs. On en trouve quelques traces dans la rhétorique de Blair, qui lui fit plusieurs emprunts sans les avouer, mais qui en a reconnu assez d’autres, pour donner une idée suffi-