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rentes circonstances accidentelles peuvent quelquefois les tenir un certain temps élevés au-dessus, et quelquefois les forcer à descendre un peu au-dessous de ce prix. Mais, quels que soient les obstacles qui les empêchent de se fixer dans ce centre de repos et de permanence, ils ne tendent pas moins constamment vers lui.

La somme totale d’industrie employée annuellement pour mettre au marché une marchandise, se proportionne ainsi naturellement à la demande effective. Elle tend naturellement à porter toujours au marché cette quantité précise qui peut suffire à la demande, et rien de plus.

Mais, dans certaines branches de productions, la même quantité d’industrie produira, en différentes années, des quantités fort différentes de marchandises, pendant que, dans d’autres branches, elle produira la même quantité ou à peu près. Le même nombre d’ouvriers employés à la culture produira, en différentes années, des quantités fort différentes de blé, de vin, d’huile, de houblon, etc. Mais le même nombre de fileurs et de tisserands produira chaque année la même quantité, ou à peu près, de toile ou de drap. Il n’y a que le produit moyen de la première espèce d’industrie, qui puisse, en quelque manière, se proportionner à la demande effective ; et comme son produit actuel est souvent beaucoup plus grand et souvent beaucoup moindre que ce produit moyen, la quantité de ces sortes de denrées qui sera mise au marché, tantôt excèdera de beaucoup la demande effective, tantôt sera fort au-dessous. Aussi, même en supposant que cette demande continue à rester la même, le prix de ces denrées, au marché, ne sera pas moins sujet à de grandes fluctuations ; il tombera quelquefois bien au-dessous du prix naturel, et quelquefois s’élèvera beaucoup au-dessus. Dans l’autre espèce d’industrie, le produit de quantités égales de travail étant toujours le même ou à peu près, il s’accordera plus exactement avec la demande effective. Tant que cette demande reste la même, le prix de marché pour ces denrées doit vraisemblablement aussi rester le même, et être tout à fait le même que le prix naturel, ou du moins, aussi rapproché qu’il est permis d’en juger. Il n’y a personne qui ne sache par expérience que le prix du drap ou de la toile n’est sujet ni à d’aussi fréquentes ni à d’aussi fortes variations que le prix du blé. Le prix des premiers varie seulement en proportion des variations qui surviennent dans la demande ; celui des produits naturels varie non-seulement en proportion des variations de la demande, mais encore il suit les variations beaucoup plus fortes et beaucoup plus fré-