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an pour chaque atelier ; supposons encore que la matière première de peu de valeur, employée annuellement dans l’une, coûte seulement 700 livres, tandis que dans l’autre on emploie des matières plus précieuses qui coûtent 7,000 livres : le capital employé annuellement dans l’une sera, dans ce cas, de 1,000 livres seulement, tandis que celui employé dans l’autre s’élèvera à 7,300 livres. Or, au taux de dix pour cent, l’entrepreneur de l’une comptera sur un profit annuel d’environ 100 livres seulement, tandis que l’entrepreneur de l’autre s’attendra à un bénéfice d’environ 730 livres. Mais, malgré cette différence énorme dans leurs profits, il se peut que leur travail d’inspection et de direction soit tout à fait le même ou à peu près l’équivalent. Dans beaucoup de grandes fabriques, souvent presque tout le travail de ce genre est confié à un premier commis. Ses appointements expriment réellement la valeur de ce travail d’inspection et de direction. Quoique, en fixant ce salaire, on ait communément quelque égard, non-seulement à son travail et à son degré d’intelligence, mais encore au degré de confiance que son emploi exige, cependant ses appointements ne sont jamais en proportion réglée avec le capital dont il surveille la régie ; et le propriétaire de ce capital, bien qu’il se trouve par là débarrassé de presque tout le travail, n’en compte pas moins que ses profits seront en proportion réglée avec son capital. Ainsi, dans le prix des marchandises, les profits des fonds ou capitaux sont une part constituante dans la valeur, entièrement différente des salaires du travail, et réglée sur des principes tout à fait différents.

Dans cet état de choses, le produit du travail n’appartient pas toujours tout entier à l’ouvrier. Il faut, le plus souvent, que celui-ci le partage avec le propriétaire du capital qui le fait travailler. Ce n’est plus alors la quantité de travail communément dépensée pour acquérir ou pour produire une marchandise, qui est la seule circonstance sur laquelle on doive régler la quantité de travail que cette marchandise pourra communément acheter, commander ou obtenir en échange. Il est clair qu’il sera encore dû une quantité additionnelle pour le profit du capital qui a avancé les salaires de ce travail et qui en a fourni les matériaux.

Dès l’instant que le sol d’un pays est devenu propriété privée, les propriétaires, comme tous les autres hommes, aiment à recueillir où ils n’ont pas semé, et ils demandent un fermage[1], même pour le produit

  1. Le mot rente est pris, dans tout le cours de cet ouvrage, dans une acception