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d’un cuivre qui n’est pas de meilleure qualité, et qui, avant d’être monnayé, vaut tout au plus 7 pence en argent[1]. Mais comme, par les règlements, ces 12 pence doivent s’échanger contre 1 schelling, ils sont regardés au marché comme valant 1 schelling, et on peut en tout temps les échanger pour 1 schelling. Avant même la dernière refonte de la monnaie d’or de la Grande-Bretagne, l’or, ou au moins cette portion qui en circulait dans Londres et les environs, avait en général moins perdu du poids légal que la plus grande partie de l’argent. Cependant 21 schellings usés et effacés étaient regardés comme l’équivalent d’une guinée, qui peut-être était aussi, à la vérité, usée et effacée, mais presque jamais autant. Les derniers règlements ont porté la monnaie d’or aussi près du poids légal qu’il est possible de porter la monnaie courante d’une nation ; et l’ordre donné de ne recevoir l’or qu’au poids dans les caisses publiques, est fait pour le maintenir dans cet état aussi longtemps qu’on tiendra la main à ce règlement ; tandis que la monnaie d’argent reste toujours usée et continue à se dégrader, comme elle faisait avant la refonte de la monnaie d’or. Et malgré cela, au marché, 21 schellings de cet argent dégradé sont toujours regardés comme valant une guinée de cette excellente monnaie d’or.

La refonte de la monnaie d’or a bien évidemment élevé la valeur de la monnaie d’argent qui s’échange avec elle.

À la monnaie d’Angleterre, dans une livre pesant d’or, on taille

  1. Je crois que Smith se trompe. Quand la monnaie de cuivre sert seulement à faire l’appoint de ce qu’on ne peut payer en monnaie d’argent, la valeur intrinsèque du cuivre n’en est pas changée, son empreinte seule a une valeur monétaire qui représente une coupure d’argent ; ce sont des billets de confiance écrits sur cuivre, émis par la Monnaie, remboursables en argent du moment qu’on en porte à la Monnaie assez pour avoir la plus petite pièce d’argent. Quand la Monnaie ne les rembourse pas à vue, ils perdent sur la place contre de l’argent ; donc l’argent n’en augmente pas la valeur. Quand on force à en recevoir dans les payements pour une certaine proportion, pour 1/40e par exemple, alors c’est comme si l’on mettait pour 1/40e d’alliage de cuivre dans l’argent. Le trésor public n’y gagne rien dans les marchés qu’il fait, puisque les marchés sont faits en conséquence ; quand il paye ainsi une dette contractée en argent, il fait la même banqueroute que s’il dégradait le titre. Dans ce-cas là, le change étranger baisse à proportion ; c’est-à-dire qu’on donne moins de monnaie étrangère pour de la monnaie nationale, en proportion de ce que le titre en est moins bon. Note inédite de J.-B. Say.