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le commerce des préteurs d'argent de village a presque disparu, et dans beaucoup de cas les fermiers eux-mêmes sont devenus prêteurs ; ils avaient tant d'argent qu'ils ne savaient qu'en faire. Les Indiens ont deux manières favorites de placer leurs économies : la première consiste à couvrir leurs femmes et leurs filles d'ornements précieux et d'anneaux jusqu'à ce qu'elles plient sous leur poids ; la seconde est de creuser un trou et de cacher leurs roupies dans la terre. On suppose que des millions de livres sterling ont été cachés de cette manière depuis quelques années, et les femmes, dans l'ouest de l'Inde, sont couvertes d'ornements de grande valeur.

C'est donc une profonde erreur de supposer, ainsi qu'on l'a souvent prétendu en Angleterre, que la hausse énorme du coton a servi seulement à enrichir la classe des marchands. Certainement, cette classe a recueilli une bonne partie de ce profit, et c'était juste ; l'année dernière, au moment où l'on traite habituellement avec les fermiers, le prix du coton était de 250 roupies (625 fr.), il s'est élevé depuis à 450 roupies (1,125 fr.), et ce grand profit doit être réparti entre les différents marchands par les mains desquels la récolte a passé ; mais ceci a été simplement le résultat des fluctuations du marché et point du tout celui d'injustices faites aux fermiers. Si le prix du coton avait baissé d'autant, le fermier aurait gagné, et le marchand aurait perdu.

On peut à peine douter maintenant que les fermiers cultivateurs de coton de l'Inde anglaise soient délivrés en masse de l'oppression des intermédiaires et des préteurs. Il est probable que, dans quelques districts, ils ne sont pas encore entièrement libérés, mais presque tous ont la liberté de vendre leurs récoltes à qui bon leur semble, et aux meilleurs prix du jour. En vérité, la concurrence, dans le commerce du coton, causée par la dernière hausse, a complètement détruit le système des affaires locales. Des agents de commerçants indigènes de Bombay ont nettoyé la campagne l'année passée, achetant tout le coton qu'ils ont pu trouver. Dans le Darouar (Dharwar), on sait parfaitement que les champs de coton furent achetés des fermiers pour une somme ronde au moment