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des districts à coton est excellente en ce qui regarde l'occupation de la terre. Quand ils devront payer 5 livres sterling (125 fr.) au gouvernement, la valeur de leur récolte sera souvent de 50 livres sterling (1,250 fr.), et leur position a plus d'analogie avec celle des petits propriétaires ruraux en France qu'avec celle des simples fermiers-locataires.

La population agricole, dans l'Inde, est groupée d'une façon bien différente de celle qu'on observe en Europe. Elle n'est pas dispersée dans des habitations séparées ; elle est réunie, groupée par villages. L'auteur n'a jamais rencontré de demeures isolées dans l'intérieur du pays ; mais dans les districts très-peuplés on rencontre, à quelques milles les uns des autres, des groupes de maisons ou des huttes de terre habitées par les fermiers des terres environnantes et les petits commerçants du hameau. Dans ces villages, on applique un système compliqué de droits, d'usages et de coutumes basé sur la religion et la tradition, tel aujourd'hui qu'il fut transmis de temps immémorial, de génération en génération. Des classes distinctes, auxquelles il est généralement défendu de s'unir entre elles par mariage, ou de se mêler en aucune sorte, exercent les différentes branches du commerce, et la culture du sol est habituellement le partage de la classe inférieure. Les préjugés invétérés de castes sont le plus grand obstacle au développement des ressources de l'Inde ; ils embarrassent et arrêtent de mille manières la marche efficace du travail ; cependant l'introduction du christianisme et de la civilisation européenne mine graduellement ces préjugés, mais pas assez rapidement pour amener encore un changement radical dans l'organisation industrielle de ce pays.

Une affreuse pauvreté était, il y a quelques années encore la condition normale des fermiers ; ils avaient peu ou point de capital ; ils étaient désespérément endettés, on leur faisait payer des intérêts exorbitants, s'élevant souvent jusqu'à 50 et 60 p. 100 par an, et l'excédant des récoltes de chaque année suffisait à peine à satisfaire les prétentions des prêteurs ;