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est vrai de l’individu, est vrai de la société, et réciproquement. Mais, tandis que rien n’est si facile à concevoir que l’opulence ou la misère d’un homme isolé, les échanges, en déplaçant sans cesse cette richesse, troublent notre vue, et d’un objet positif en font un presque métaphysique.

Quelle que soit la bienfaisance de la nature, elle ne donne rien à l’homme gratuitement ; mais elle est prête à le seconder et à multiplier ses pouvoirs à l’infini lorsqu’il s’adresse à elle. L’histoire de toute richesse est toujours enfermée entre ces mêmes bornes : le travail qui crée, l’économie qui accumule, la consommation qui détruit. La chose qui n’est point née ou qui n’a point reçu sa valeur d’un travail médiat ou immédiat, n’est point une richesse, quelque utile, quelque nécessaire qu’elle soit à la vie. La chose qui n’est point utile à l’homme, qui ne satisfait point ses désirs, qui ne peut point être employée à son usage médiat ou immédiat, n’est de même point une richesse, par quelque travail qu’elle ait été produite. La chose, enfin, qui ne peut point s’accumuler, qui ne peut point se garder pour une consommation future, n’est point une richesse, encore qu’elle ait été produite par le travail, et qu’elle se consomme par la jouissance.