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échange lui est impossible, mais l’étendue des besoins qu’il pourra satisfaire, ou, si l’on veut, le temps pendant lequel il pourra vivre du fruit de ses peines, sans recourir à un nouveau travail.

En domptant les animaux, cet homme en a fait sa propriété et sa richesse ; en domptant la terre, il la changera de même en richesse et en propriété. L’île qu’il habite était sans valeur tant qu’elle était sans travail ; mais si, au lieu de dévorer ses fruits au moment où il a pu les atteindre, il les a réservés pour ses besoins futurs ; s’il les a confiés de nouveau à la terre pour qu’ils multipliassent, s’il a labouré ses champs pour augmenter leurs pouvoirs productifs ; s’il les a enclos pour les défendre contre les bêtes sauvages ; s’il les a plantés d’arbres dont il n’attend la récolte que dans de longues années, il a créé la valeur, non-seulement du produit annuel de la terre que son travail fait naitre, mais encore de la terre elle-même, qu’il a apprivoisée comme les animaux, et qu’il a rendue propre à le seconder. Il est riche alors ; et il l’est d’autant plus, qu’il pourrait plus longtemps suspendre son travail sans éprouver de nouveaux besoins.

Ce solitaire n’étant plus sous l’empire du plus pressant de tous les besoins, celui de la faim,