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l’accroissement de ses pouvoirs productifs. Chacun fait mieux ce qu’il fait uniquement ; et lorsque enfin tout son travail est réduit à l’opération la plus simple, il arrive à la faire avec tant d’aisance et de rapidité, que les yeux ne peuvent le suivre, et que l’on comprend à peine comment la main de l’homme peut parvenir à ce degré d’adresse et de promptitude.

Souvent cette division fait reconnaitre que l’ouvrier n’équivalant plus qu’à une machine, une machine peut en effet le remplacer. Plusieurs grandes découvertes dans les mécaniques appliquées aux arts, ont été le résultat d`une semblable observation de l’ouvrier ou de celui qui l’emploie. Mais par cette division, l’homme a perdu en intelligence, en vigueur de corps, en santé, en gaîté, tout ce qu’il a gagné en pouvoir pour produire la richesse.

C’est par la variété de ses opérations que l’âme se développe ; c’est pour en faire des citoyens, qu’une nation veut avoir des hommes, non pour en faire des machines à peu près semblables à celles que le feu ou l’eau font mouvoir. La division du travail a donné du prix à des opérations si simples que des enfans dès le plus bas âge en sont capables ; et des enfans, avant d’avoir développé aucune de leurs facultés, avant d’avoir connu aucune des jouissances de