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L’ÉCRIN DISPARU

Hippolyte promit distraitement, car, préoccupé, son esprit était ailleurs.

Avant de rentrer chez lui, le jeune homme avait voulu passer à l’Hôtel Queen’s, afin de s’enquérir, si possible du mystérieux visiteur. N’ayant pas de nom précis, il ne put, vu le grand nombre de pensionnaires, obtenir le moindre renseignement.

Le lendemain, il venait de constater avec plaisir la parfaite concordance de son heure, avec celle du Bureau de monsieur Giraldi, quand celui-ci entra.

— Figurez-vous, dit-il à son Secrétaire, que cette belle matinée de soleil me tente… et qu’une promenade à pied, me sourit plus que le travail du bureau.

— Mes goûts s’accommoderaient à merveille avec les vôtres cher Maître, si je m’écoutais.

— Qu’à cela ne tienne, repartit ce dernier. La montagne doit être charmante ce matin, nous allons en faire le tour, si vous voulez bien, en guise d’apéritif.

Soudain, un coup de cloche retentit ; puis, bientôt, la femme de chambre, une lettre à la main, frappe au bureau, et la remettant à Hippolyte, dit :

— On attend une réponse.

— Vous permettez, cher Monsieur, demanda le Secrétaire qui paraissait surpris ?

Dans l’enveloppe, il y avait une carte de visite portant quelques mots écrits d’une main nerveuse. Hippolyte les lut rapidement : il avait un peu pâli.

— On me demande de suite cher Maître, dit-il, puis-je disposer d’une heure ?

— Je vous en prie, cela va sans dire…

— Même de toute la matinée, si vous le désirez, mon ami, Vous savez bien qu’entre nous, il n’y a pas de gêne.

Le jeune homme remercia, s’inclina devant Madame Giraldi et sa fille qui se trouvaient à proximité, serra la main de Jean dans un geste familier, puis s’éloigna d’un pas rapide.

— Drôle de garçon, fit Monsieur Giraldi en le regardant suivre le trottoir du pas aisé et souple qui lui est propre. Et passant la main sur son front :

— Chose curieuse : j’ai parfois l’impression d’avoir connu quelqu’un qui lui ressemblait ; et cependant, il est des Provinces Maritimes et de race acadienne paraît-il…

Il est vrai, qu’il doit y avoir de par le monde, plus de deux personnes qui se ressemblent, comme il y a nombre d’yeux qui ont la même couleur.