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L’ÉCRIN DISPARU

Je l’ai revu ce matin, et déjà, il est plus calme. En somme, c’est de repos et de solitude dont il a besoin avant tout. Si vous avez quelque influence sur lui, cher Monsieur, vous devriez lui conseiller le séjour dans un établissement de neurasthéniques, car nous ne pourrons le garder ici, vu que nous ne prenons que des déments.

— Je vais transmettre votre avis bienveillant à l’intéressé, dit monsieur Parizot en se levant. Le médecin sortit avec son visiteur et le guida à travers le parc, vers celui des pavillons, où Dupras occupait une chambre depuis la veille.

Au détour d’une allée d’érables, apparut le corps de logis, entouré d’arbustes odorants et dont la vue comme les demeures environnantes, évoquait l’idée de repos et de bien-être.

L’air pur qu’apportait une fraîche brise venant du Saint-Laurent, le cachet du « Home » confortable et bien tenu que l’on voyait en entrant dans les salles, rien, en un mot, n’avertissait que des existences déchues, se traînaient là, sans espoir de délivrance.

Ainsi que nombre de visiteurs clairvoyants et judicieux, Parizot admira l’ingénieuse et délicate charité des admirables religieuses qui entourent des soins les plus maternels, ces pauvres déshérités dont elles ont fait comme leur famille.

Un gardien, son trousseau de clés pendu à la ceinture, traversait la galerie. Au passage, il jeta un coup d’œil inquisiteur vers cet inconnu que le Docteur amenait. Parizot comprit le sens du regard :

— Il se demande, si je suis un nouveau client et de première classe sans doute !…

Peu nerveux d’ordinaire, il commençait pourtant à éprouver le désir instinctif d’éloignement, qu’inspire tout séjour, même de courte durée, dans une prison, ou dans une maison de santé.

— Gardien !… appela le Docteur de Chambure :

« Ouvrez-nous la chambre No 17. »

L’homme s’exécuta promptement. Dans une pièce assez spacieuse, dont l’ameublement, était comme celui des salles de réception, dans le style anglais, A. Dupras somnolait étendu sur un sofa.

Réveillé par l’entrée des visiteurs, il se leva, salua le Docteur, et tendit la main à Parizot.

Ainsi que l’avait annoncé le spécialiste, une grande détente semblait s’être produite dans l’état mental du pauvre névrosé.