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fonctionnaire ; tous les gens du pays de Ts’i louent son désintéressement et sa justice. Maintenant il est tombé sous le coup de la loi et doit être supplicié ; votre servante s’en afflige. Un homme qui a été mis à mort ne peut revenir à la vie ; un homme qui a été mutilé ne peut retrouver ses membres ; quand même il voudrait se corriger de ses fautes et se réformer, il n’en a plus le moyen. Votre servante désire être incorporée jusqu’à la fin de ses jours dans le nombre des esclaves publics afin de racheter la condamnation de son père et de lui permettre de se réformer.

Cette requête fut présentée au Fils du Ciel ; le Fils du Ciel fut ému des sentiments qui y étaient exprimés ; il rendit alors un édit en ces termes :

« J’ai entendu dire qu’au temps de Yu[1], on peignait les habits et les bonnets (des condamnés) d’une couleur autre que celle des vêtements ordinaires, afin de leur faire honte, et le peuple n’enfreignait pas la loi ; comment cela se fait-il ? c’est qu’il y avait un gouvernement parfait. Maintenant le code prescrit trois sortes de mutilations[2] et la perversité ne s’arrête pas ; à qui en est la faute ? n’est-ce pas parce que ma vertu est insuffisante et que mes instructions ne sont pas claires ? Je m’en repens extrêmement.

  1. Choen. Ce texte justifierait une interprétation de la phrase […] autre que celle que nous avons donnée dans les Annales principales des cinq empereurs (cf. tome I, note 01.243. ) ; le mot [] aurait le sens de « forme, apparence » donnée aux coupables par les habits spéciaux dont on les revêtait.
  2. Mong Kang dit que les trois sortes de mutilation étaient : 1° la marque ; 2° l’ablation du nez ; 3° l’ablation du pied gauche ou du pied droit. — Le commentaire du T’ong kien kang mou prétend que l’empereur Wen ne supprima pas la peine de la castration. Mais cette assertion est en contradiction avec un texte que nous trouverons vers la fin de ce chapitre.