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J’ai publié, dans le tome X des Notices des manuscrits, divers extraits de l’ouvrage d’Abou’Ifazi, et une portion du chapitre x, qui suffit pour que l’on puisse comparer cette nouvelle rédaction du livre de Calila avec celle de Hosaïn Vaëz et avec la traduction d’Abou’Imaali Nasr-allah.

De la Traduction Turque du Livre de Calila,
intitulée
Homayoun-namèh.

Hosaïn Vaëz avoit écrit l’Anvari Sohaïli vers le commencement du xe siècle de l’hégire. Dans la première moitié du même siècle, sous le règne de l’empereur Othoman Soliman I, l’ouvrage de Hosaïn fut traduit en turc par Ali Tchélébi, professeur à Andrinople, dans le collège fondé par Morad ou Amurat II. Ali le dédia à Soliman, et, par allusion à cette dédicace, il intitula sa traduction Homayoun-namèh همايون نامه, c’est-à-dire, Livre impérial. Ali fut promu ensuite, en récompense, dit-on, de ce travail, à la charge de kadhi de Brusse, l’une des premières charges de l’empire Othoman.

La traduction Turque d’Ali a dû lui coûter peu de peine. Elle est le plus souvent calquée sur la version Persane de Hosaïn Vaëz, dont elle conserve fréquemment toutes les expressions. La plupart des poésies Persanes dont Hosaïn Vaëz a embelli l’Anvari Sohaïli se retrouvent dans le Homayoun-namèh. Assez souvent néanmoins le traducteur Turc a supprimé les vers Persans dont le sens a quelque obscurité, et il y a substitué des vers Turcs. Les changemens et les suppressions qu’il a faits, donnent en général, sauf un petit nombre d’exceptions, une bonne idée de son goût ; et il étoit digne assurément de traduire un écrivain tel que Hosaïn. Pour entendre couramment le Homayoun-namèh, il est indispensable de bien savoir l’arabe et le persan, et il n’est pas nécessaire d’être très-avancé dans la connoissance de la langue Turque. Néanmoins il seroit à souhaiter qu’on imprimât le Homayoun-namèh, pour l’usage des personnes qui apprennent le turc.

Le Homayoun-namèh étant en tout conforme à l’Anvari Sohaïli,