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bien que l’Anvari Sohaïli, si on le compare à la traduction connue sous le nom de Calila et Dimna (c’est-à-dire, à la traduction de Nasr-allah), se rapproche davantage du style de notre siècle, il n’est point cependant exempt de termes Arabes et de métaphores extraordinaires. En exécution de cet ordre impérial, qui n’est que l’interprète de la volonté divine, ce livre a été disposé dans le même ordre que l’Anvari Sohaïli ; mais on y a compris deux chapitres que Mevlana Hosaïn Vaëz avoit retranchés du livre connu sous le nom de Calila et Dimna, et qu’il n’avoit point fait entrer dans sa nouvelle traduction. En effet, bien que ces deux chapitres n’appartiennent point à l’original de ce recueil, cependant ils renferment beaucoup de discours intéressans et pleins de vérité, dignes de plaire aux hommes de sens ; et quand on feroit abstraction des oracles divins qui y sont rapportés, puisque Barzouyèh, après bien des démarches pénibles, a formé ce recueil de maximes sages, et l’a traduit en pehlvi, il mérite qu’on respecte son ouvrage, d’autant plus que la récompense qui lui fut accordée pour cet important service, consiste dans la conservation de ces deux chapitres. D’un autre côté, Buzurdjmihr a aussi acquis des droits sur ce recueil, auquel il a contribué ; il semble donc qu’il y auroit de l’ingratitude à retrancher ces deux chapitres. »

On connoît, par cet extrait de la préface d’Abou’lfazI, et la nature de son travail et le plan qu’il a suivi. Les deux chapitres retranchés par Hosaïn Vaëz, et qu’Abou’lfazl a cru devoir rétablir, sont la préface ou introduction du traducteur Arabe Abdallah ben-Almokaffa, sur la manière de lire ce livre, et la vie de Barzouyèh, ayant sa mission dans l’Inde, attribuée à Buzurdjmihr. Abou’lfazl, suivant en cela quelques manuscrits de la version de Nasr-allah, a cru que Buzurdjmihr étoit auteur de ces deux chapitres.

Ce qu’il est essentiel de remarquer, c’est qu’Abou’lfazl, tout en rétablissant, dans sa nouvelle rédaction, ces deux chapitres qui ne se trouvoient point dans l’Anvari Sohaïli, n’a pas cependant voulu priver ses lecteurs de l’ingénieuse introduction imaginée par