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lumières. Un jour qu’il avoit mis lui-même la conversation sur la libéralité, il fut si vivement frappé des éloges que chacun prodigua à cette vertu, qu’ouvrant les portes de ses trésors, il distribua le jour même des sommes immenses. La nuit suivante, il vit en songe un vénérable vieillard qui lui dit que dieu vouloit récompenser sa libéralité, et lui ordonna de monter à cheval et de diriger sa route vers le levant, lui annonçant qu’il trouverait un trésor immense qui assurerait son bonheur et sa tranquillité pour le reste de ses jours.

Au lever de l’aurore, Dabschélim se met en route vers le levant. Bientôt une grotte se présente à lui ; il y est reçu par un vieillard, et lorsqu’il veut se retirer, ce vieillard le prie d’accepter un trésor enfoui dans sa grotte. Dabschélim, au comble de la joie, fait faire une fouille, et bientôt une multitude de cassettes et d’écrins, remplis des bijoux du plus grand prix, s’offrent à ses yeux. Un écrin, plus riche que les autres, attire son attention : il étoit fermé à clef, et il fallut en rompre la serrure. On y trouva un morceau d’étoffe de soie sur lequel étoient tracés des caractères Syriaques. Après bien des recherches pour découvrir un homme capable de les lire, on amena au roi un philosophe qui les lut.

Cet écrit étoit le testament de Houschenc, ancien monarque de la Perse : il contenoit quatorze avis pour la conduite des rois, et se terminoit par une exhortation d’aller à l’ile de Sérendib ou Ceylan, pour y recevoir le développement de ces avis, et y entendre le récit d’autant d’aventures propres à les confirmer. Dabschélim distribua tous les trésors dont il venoit d’être mis en possession, ne réserva pour lui que l’écrit précieux dont il avoit entendu la lecture, et retourna dans sa capitale, bien résolu de suivre l’indication qui lui étoit donnée, et d’entreprendre sans délai le voyage de Sérendib.

Cependant il voulut en conférer auparavant avec deux de ses vizirs qui jouissoient de toute sa confiance. Ici s’établit une longue conférence entre le roi et les vizirs, sur l’utilité des voyages et sur les inconvéniens et les dangers qui en sont inséparables. Le résultat