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trésorier, ordonna qu’on le traduisit en parsi, et (dans le dialecte de la cour, nommé) déri. Son ministère fut de peu de durée. »

Suivant une introduction au Schah-namèh, que je ne connois que par la traduction de M. de Wallenbourg[1], publiée, après sa mort, à Vienne, en 1810, Belami auroit lui-même fait cette traduction, par ordre de l’émir Nasr. Nous apprenons aussi de cette introduction que le même Abou’lfazl Belami avoit chargé le poëte Dakiki de mettre en vers l’histoire des anciens rois de Perse.

Quoi qu’il en soit, au surplus, de l’entreprise de Belami, pour traduire ou faire traduire en persan le livre de Calila, il paroît que cette traduction ne fut point exécutée, ou qu’elle fut interrompue par la mort de ce vizir, amateur des lettres, comme semble l’indiquer l’auteur du Schah-namèh. Il est d’autant plus vraisemblable que cette traduction, ou ne parut point du tout, ou resta incomplète, que Nasr-allah n’en fait aucune mention dans sa préface, où il trace l’histoire du livre de Calila jusqu’à son temps. Hadji-Khalfa paroît croire que le livre de Calila fut traduit de l’arabe en persan par un savant de la cour de l’émir Nasr[2] ; mais, sans doute, il a suivi, en cela, l’auteur du Schah-namèh, qui semble le donner à entendre, quoiqu’il ne le dise pas expressément.

Le même prince Samanide dont il vient d’être question chargea le poëte Roudéghi de mettre en vers persans le livre de Calila, et Roudéghi exécuta cet ordre.

Roudéghi, connu sous le nom d’Oustad Abou’lhasan, étoit né aveugle ; il vivoit à la cour de l’émir Nasr, mort en l’année 331

  1. Je trouve cette introduction à la tête d’un manuscrit du Schah-namèh, apporté de Perse par M. Jouannin ; mais elle est beaucoup plus concise que dans l’exemplaire sur lequel M. de Wallenbourg a fait sa traduction, et il n’y est point fait mention de Belami. L’auteur de l’introduction qui se lit dans le manuscrit du Schah-namèh de M. Jouannin, étoit bien peu instruit ; car il suppose qu’Abd-allah ben-AImokaffa, qu’il appelle ben-Almokanna, étoit vizir du khalife Mamoun.
  2. Dans la traduction de M. de Wallenbourg on lit : l’émir Sâd Ebou Nasr, fils d’Ahmad ; mais il faut lire : l’émir Saïd Nasr, fils d’Ahmed.