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ni dans la version Hébraïque, ni dans les traductions Persanes, ni enfin dans la version Latine inédite de Raimond de Béziers.

Plus souvent Siméon Seth supprime tout-à-fait les noms propres. Ainsi il ne nomme ni Bidpai le philosophe, ni le taureau Schanzébèh شنزبه, ni le chacal Rouzbèh روزبه, ni le sage et saint reclus Kibarioun ڪباريون, ni la concubine Hourkanat حورقناة[1]. Mais il n’entre pas dans mon plan de comparer ainsi chaque version avec le texte Arabe. Je m’arrête donc ici et je passe à la version Hébraïque.

De la Version Hébraïque attribuée au rabbin Joël.

J’ai traité fort au long, dans le tome IX des Notices et Extraits des manuscrits, de la version Hébraïque du livre de Calila, version attribuée, on ne sait trop pourquoi, à un rabbin nommé Joël. J’ai tiré de l’oubli un manuscrit incomplet de cette version, qui se trouve dans la bibliothèque du Roi, et qui est le seul dont on ait connoissance en Europe ; et je suis entré dans de très-amples détails sur la traduction Latine de cette même version, traduction faite par un Juif converti, nommé Jean de Capoue, imprimée sous le titre de Directorium humane vite, aliàs Parabole antiquorum sapientum, et qui a été elle-même la source de diverses traductions ou imitations, en italien, espagnol et allemand. J’ai fait voir comment, dans cette traduction, le nom de Dabschélim a été changé en Disles, et celui de Bidpai en Sandebad ou Sandebar ; j’ai rectifié les erreurs que l’on avoit commises plus d’une fois, en confondant ta traduction Hébraïque du livre de Calila avec les fables ou le roman de Sandebar et d’autres ouvragés d’un genre différent ; enfin, j’ai fait imprimer un chapitre entier de cette version.

La version Hébraïque contient deux chapitres qui ne font point partie du livre de Calila ; ce sont les chapitres xvi et xvii. Ces

  1. On pourrait demander ce que c’est qu’un nom propre qui se trouve dans ce passage, p. 486 de l’édition de Starck : Βασιλεῦ, εἰς τὸν ἀιῶνα Ζῆθ, que cet éditeur traduit ainsi : Opto, Rex, ut ad Zethi ætatem pertingas. La réponse est simple. Comment Starck n’a-t-il pas vu qu’il falloit lire ζῇς vivas, et que le sens étoit : Rex, vivas in seculum ?