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deux rats, l’un noir, l’autre blanc, ce sont le jour et la nuit, dont la succession consume la durée de notre vie : le dragon, c’est le terme inévitable qui nous attend tous : le miel enfin, ce sont les plaisirs des sens, dont la fausse douceur nous séduit et nous détourne du chemin où nous devons marcher.

« Je me résolus donc, dit Barzouyèh en finissant, à demeurer dans mon état, et à améliorer, autant qu’il seroit en moi, mes actions, dans l’espérance qu’il viendrait un moment de ma vie où je trouverais un guide pour me conduire, une puissance capable de soumettre mon âme, et un chef qui mettrait ordre à mes affaires. Je persistai dans cet état ; je transcrivis beaucoup de livres, et je revins de l’Inde, après avoir mis par écrit celui-ci. »

Quoique, dans tous les manuscrits que j’ai eus sous les yeux, ce chapitre se termine ainsi, il manque certainement quelque chose dans les dernières lignes. L’auteur a dû dire :

« Je persistai dans cet état jusqu’au moment où je fus envoyé dans l’Inde. Je me rendis dans ce pays, et j’y fis beaucoup de recherches. Après y avoir transcrit plusieurs livres, et entre autres celui-ci, je revins de l’Inde dans mon pays. »

C’est à-peu-près ce qu’on lit dans la version Persane de Nasr-allah : les traductions de Siméon Seth, de Jean de Capoue et de Raimond de Béziers offrent la même omission que nous croyons apercevoir dans notre texte Arabe.

Ce chapitre contient plusieurs apologues. Il est extrêmement remarquable par le tableau qu’il nous offre de la situation morale de la Perse au temps de Nouschiréwan.

Nous avons déjà dit que l’ordre des chapitres n’étoit pas le même dans tous les manuscrits de la version Arabe d’Ebn-Almokaffa ; ajoutons que quelques manuscrits offrent aussi un chapitre qui ne se trouve pas dans les autres.

Un fragment de la version Arabe a été publié à Leyde en 1786, par H. A. Schultens, sous ce titre : Pars versionis Arabica libri Colailah we Dimnah, sive fabularum Bidpai, philosophi Indi. Schultens, induit en erreur par la forme du mot ڪاياه, a cru que c’étoit un diminutif Arabe ; c’est par cette raison qu’il l’a pro-