Page:Silvestre de Sacy - Calila et Dimna, ou Fables de Bidpai, 1816.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je ne crains donc point d’affirmer que toutes les règles de la saine critique assurent à l’Inde l’honneur d’avoir donné la naissance à ce recueil d’apologues, qui fait encore aujourd’hui l’admiration de l’Orient et de l’Europe elle-même.

La conclusion que je tire de tout ce que je viens d’exposer, n’est pas absolument que le Pantcha-tantra soit antérieur à Barzouyèh, ce qui cependant est extrêmement vraisemblable ; elle n’est pas même qu’avant Barzouyèh, tous les apologues que celui-ci réunit dans le livre de Calila, fussent déjà rassemblés, dans l’Inde, en un seul recueil. Tout ce que je prétends établir, c’est que les originaux des aventures de Calila et Dimna, et des autres apologues réunis à celui-là, avoient effectivement été apportés de l’Inde dans la Perse. Leur réunion en un seul corps d’ouvrage, la forme sous laquelle ils sont présentés, le cadre qui les renferme, purent être de l’invention de Barzouyèh, ou, si l’on veut, de Buzurdjmihr : cela est peu important. Je croirois cependant que, dès-lors, le dialogue entre Dabschélim et Bidpai, les questions du roi et les réponses du philosophe, formoient le cadre des aventures de Caliia et Dimna, et que l’auteur Persan ne fit que renfermer d’autres apologues sous ce même cadre.

Traduction Pehlvie du Livre de Calila.

Que le livre de Calila, apporté de l’Inde en Perse par le médecin Barzouyèh, sous le règne de Nouschiréwan, ait été traduit en pehlvi à cette même époque, c’est, ce me semble, ce dont on ne saurait raisonnablement douter. On a quelquefois attribué cette traduction à Buzurdjmihr ; mais je ne crains point de dire que c’est une méprise. Barzouyèh, selon toute apparence, ne rapporta pas de l’Inde les originaux Indiens des aventures de Calila et Dimna et des autres apologues dont il forma un seul recueil. Les témoignages historiques nous apprennent qu’il les traduisit en pehlvi, et que, de retour à la cour de Nouschiréwan, il en fît la lecture devant ce prince, ou du moins il les lui offrit : C’est d’ailleurs ce que l’on devrait supposer, quand même on ne le lirait