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admettre du moins le fonds de ce récit, on est autorisé à soutenir que Barzouyèh rapporta de l’Inde, outre le livre de Calila et Dimna, divers autres ouvrages du même genre[1], et qu’il en composa un recueil auquel on donna le nom de Livre de Calila et Dimna, parce que le récit des aventures de ces deux chacals formoit la première et la principale partie de ce recueil. Cette hypothèse, d’ailleurs très naturelle, est fondée sur la nature même de ce recueil : il suffit de l’ouvrir pour se convaincre qu’à l’exception des deux premiers chapitres, qui sont inséparables l’un de l’autre et forment un seul tout, les autres n’ont, ni entre eux, ni avec ces deux premiers, qui contiennent le récit des aventures de Calila et Dimna, aucune liaison nécessaire ; qu’ils ne se tiennent que par le cadre dans lequel l’auteur du recueil a jugé à propos de les renfermer, en les mettant tous dans la bouche du sage Bidpai qui les raconte au roi Dabschélim ; qu’enfin on eût pu en retrancher plusieurs ou y en ajouter beaucoup d’autres, sans altérer en rien la forme de ce recueil.

2° Ce n’est pas simplement une conjecture, c’est un fait, que le livre de Calila, tel que nous l’avons dans le texte Arabe que je publie, contient plusieurs chapitres qui ne faisoient point partie du recueil primitif. Ces chapitres ont été ajoutés dans la traduction Pehlvie[2]. C’est ce que nous assure Abou’lmaali Nasr-allah, auteur de l’ancienne version Persane du livre de Calila, faite du temps du sultan Gaznévide Bahram-schah. Ces chapitres ajoutés sont au nombre de six ; mais il ne faut point tenir compte de deux de ces chapitres, dont la composition ne peut être attribuée aux Indiens : le premier est le récit de la mission de Barzouyèh

  1. C’est ce que prouvent évidemment ce passage qu’on lit dans le texte Arabe, p. 39. فاما فرغ من انتعاخ الكتان رغيره عّــا ازاد من سـادُــر الكتب ڪيب الم انوشيروان يعلمـه بذالمر et celui-ci qui se lit p. 77 ; فافـت عار هنه الحال واشمخت كتبا ڪثية وانصر من نلاد الهند وفد نمحرهذا الكياب Dans l’un et dans l’autre de ces deux passages, ainsi que dans quelques autres, il est évidemment fait mention de plusieurs livres Indiens copiés par Barzouyèh.
  2. Les copistes ou les traducteurs ont encore ajouté postérieurement de nouveaux chapitres, à ceux qu’avoit traduits du pehlvi Ebn-Almokaffa. Voy. Not. et Extr. des manuscrits, t. X, part. 1re, p. 124.