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XVII

 
ET pourtant l’infini qu’en leur vol diaphane
Poursuivent, sous ton front, tes rêves surhumains
Je l’enfermai pour toi, moi mortel, moi profane,
Dans mon cœur élargi par mes sanglantes mains.

Dans ma poitrine ouverte, argile sacrilège,
J’avais senti passer l’âme errante des Cieux,
Portant, comme un parfum, jusqu’à tes pieds de neige
L’immense amour qui fait l’azur silencieux,

Qui fait la mer pensive et tristes les étoiles
Dans l’air vibrant du soir que bat son aile en feu,
Qui fait la nuit sacrée et sème ses longs voiles
D’astres brûlants tombés des paupières d’un dieu.

Ces pleurs divins, ces pleurs que ton orgueil réclame,
Cet infini qui fait ton mal et ta pâleur,
Pour toi je l’ai porté tour à tour, dans mon âme,
Vivant, dans mon amour, et mort, dans ma douleur !