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VIII

 
Si tout mon sang fuit de mon cœur,
Je veux que, sous ton pied vainqueur,
En tombe la dernière goutte !
— Mon âme errante y sera toute.

Des roses rouges en naîtront
Qui vers ta bouche élèveront,
Comme des lèvres enflammées,
Mes blessures jamais fermées.

Pour le calice de ces fleurs
L’Aurore n’aura pas de pleurs,
Les voyant pleines tout entières
De ceux qu’ont versés mes paupières.

Si vers leur parfum languissant
Tu penches la tête, en passant,
Comme un souffle qu’on effarouche,
Mon âme en fuira sur ta bouche.