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— Changez d’azur, doux exilés !
Désertez à jamais la terre.
Mais qui vous rendra le mystère
Des lacs par la nuit étoiles ?...
Frères, je vais où vous allez :
Emportez mon cœur solitaire !

Un souffle amer nous a meurtris
Et sa grande aile est déchirée :
Celle qui me fut adorée
Loin d’elle a chassé mes esprits.
— C’est elle qui nous a proscrits,
Répondit la troupe sacrée.

Nos honneurs sont ensevelis :
Nous étions la blancheur ailée
Dont, un jour, s’était envolée
L’auréole des fronts pâlis !
— Nous étions la blancheur des lis
Et de la neige immaculée.

Mais devant son corps enchanté
Nos clartés sont des ombres vaines :
L’azur frémissant de ses veines
Court au bord de son front lacté.
— Elle est l’immortelle Beauté
Faite des choses souveraines.