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C’est nous, — c’est nous tous seuls qu’ils ont abandonnés,
Nus sur un sol aride et pareils aux damnés
Que hante le regret de la vie écoulée.
— Cet égoïste effroi de l’âme inconsolée,

C’est le mien, et j’en sais la honte et le remords.
Car, détournant de moi le deuil lourd de mon être,
Je fouille le secret interdit de renaître,
Ainsi qu’un or maudit, dans la cendre des morts ;

Et, penché sur le sol, silencieux, j’épie,
Dans les tressaillements de la matière impie
La lointaine chaleur et le rythme perdu
De mon cœur dans la mort avant moi descendu !