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XXXIV. La Lâche douleur

 
À Armand Renaud.

CES fils de notre cœur et ces fils de nos flancs,
Les morts, s’ils n’emportaient sous les suaires blancs
Que l’avare trésor de nos larmes amères,
L’oubli consolerait les amants et les mères.

Plus longtemps que leur spectre insaisissable et doux,
Ce qu’un regret cruel et lâche pleure en nous,
C’est la part de notre être en leur être perdue,
Que de nous ils tenaient et qu’ils n’ont pas rendue ;

C’est la force d’aimer, moins vivace en nos seins,
Nos rêves envolés dont les vagues essaims
S’effarouchent au bruit des funérailles lentes ;
C’est notre espoir moins ferme en nos mains plus tremblantes !