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XXXIII. Théorie funèbre
À Gustave Barré.
J’AI pensé quelquefois que tous les trépassés
Dont la tombe est déserte et sous l’oubli se creuse,
Venaient pleurer en moi d’être ainsi délaissés :
Tant mon cœur s’emplissait d’une détresse affreuse !
Tant le souci me prend de vos maux insensés,
O spectres descendus dans l’ombre aventureuse,
Quand la procession de mes bonheurs passés
Serpente sur mon front, dolente et ténébreuse !
Esprits sans corps, parfums sans fleurs, souffles errants,
Voix sans lèvres, aux mots subtils et pénétrants,
O souvenirs ! Un chœur fraternel vous convie :
Car un peuple de morts habite mon cerveau,
Et je ne puis chasser du profond de ma vie
Une mélancolie immense du tombeau !