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V. Souvenir

 
DURANT les soirs d’hiver longs et silencieux,
Je pense au temps où seuls, près de l’âtre joyeux,
Les cheveux dénoués et souvent demi-nue,
Tu dormais dans mes bras, sitôt la nuit venue ;
Où mes baisers riaient et pleuraient tour à tour,
Sur votre front sans tache, ô mon premier amour !
Et j’écoutais chanter ton cœur dans ta poitrine
Et mes yeux enivrés, sous la toile mutine,
Suivaient le flot charmant de ton corps amolli.
Et puis, comme un enfant, dans notre petit lit
Je t’emportais joyeux, — éploré comme un saule,
Ton front abandonné roulait sur mon épaule.
Là, des baisers nouveaux, ardents, multipliés,
S’élançaient sur ta bouche et mouraient à tes pieds !