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III. Jalousie

 
L’AUBE a posé ses pieds, ses pieds blancs et furtifs,
Sur les fronts des rêveurs et les monts taciturnes,
Et fermé les yeux d’or, les yeux doux et craintifs,
Des constellations et des oiseaux nocturnes.

L’allégresse du ciel, du ciel vibrant et clair,
Ne descend plus au fond de mon esprit morose,
Sitôt que le frisson, le doux frisson de l’air,
Fait s’ouvrir l’Orient comme une immense rose.

Car, penché sur ton cœur, ton cœur triste et profond
Qu’enveloppe de paix ta gorge cadencée,
J’entends sourdre la mer, la mer sombre et sans fond,
De ton rêve où se perd ma jalouse pensée.