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Sur le lac où j’ai vu descendre le soleil,
Un rêve flotte et suit la vision première :
Je revois mon amour couché dans la lumière,
Comme un lis abattu que teint un sang vermeil ;
Et le flot, aux rougeurs dont le couchant l’irise,
Palpite sur la grève, incessant et pareil
A la lèvre qu’empourpre un baiser qui la brise.

Des baisers ont passé, rapides et brûlants,
Sur ma lèvre où jadis son âme s’est posée,
Et j’ai senti saigner, toujours inépuisée,
Sous l’implacable fer de mes souvenirs lents,
Ma dernière douleur et mon amour première,
— Près du lac où j’ai vu passer les cygnes blancs,
Près du lac où j’ai vu descendre la lumière.