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VI



DERRIÈRE les grands joncs, rôdeur mélancolique,
Le crapaud fait tinter sa langue de cristal,
Et rythme, comme un bruit mécanique et fatal,
L’innombrable retour de son chant bucolique.

La couleuvre aux yeux verts pailletés de métal
Soudain jette au chanteur sa stridente réplique,
Et glisse jusqu’à lui sa course famélique,
Avec un sifflement ironique et brutal.

Tout se tait, et l’horreur de l’ombre en est accrue,
Et puis, le regret vient de la voix disparue :
Quand le soleil lassé clôt le cycle vermeil

Où l’aiguille de feu tout le jour se balance,
Le nocturne veilleur comptait l’heure au silence,
Et mesurait aux bois la douceur du sommeil.