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Vespera

À Philothée Oneddy.


 

I



LE soleil, déchiré par les rocs ténébreux,
Tombe, comme César, dans sa robe sanglante,
Avant de nous quitter, l’heure se fait plus lente,
Et de confuses voix murmurent des adieux

C’est le soir ! — L’horizon se remplit de lumière,
Et la pourpre s’allume aux rives de l’azur ;
Et le flot attiédi, plus profond et plus pur,
Enivre de chansons la rive hospitalière.

Derrière les brouillards où Phébé va s’asseoir,
La dernière colline a caché ses épaules ;
L’onde baise tout bas les longs cheveux des saules :
Vesper luit, comme un pleur, dans l’œil profond du soir.