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LES AILES D’OR

Mais, pour les jours vécus et les amours passées,
Malgré nos cœurs meurtris et nos larmes versées,
Malgré nos désespoirs, sachons garder, en nous,
Un souvenir clément, mélancolique et doux.

Va, ne maudissons pas ceux qui, du sort complices,
Ont, sous leur lèvre en flamme, avivé nos supplices.
Nos maux seront les leurs et l’amour inhumain
Fait des bourreaux d’hier les martyrs de demain.

— Mais sous les pas du jour l’immensité murmure.
Voici que le soleil, déployant son armure,
Escalade les murs de pourpre de la mer :
Sous les pas alanguis de notre rêve amer,

La lumière a déjà ses embûches dressées ;
Comme des oiseaux d’or dont les ailes lassées
Se prennent aux filets d’un céleste chasseur,
Viens regarder mourir les étoiles, ma sœur !