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LES AILES D’OR

Ce sont les plus brisés qui sont les plus fertiles :
Ô printemps sans été !… Maudit soit le destin
Qui fait frémir en nous des ailes inutiles
Que nul vol n’ouvrira vers quelque azur lointain !

Maudit soit le destin qui, du cercle des choses,
Fait à notre pensée une étroite prison,
Qui la laisse immuable en leurs métamorphoses,
Et sous un rideau d’or nous ferme l’horizon !

Comme au fond de mon âme, au fond de ma prunelle
Un besoin d’infini vit ardent et pareil :
Je voudrais m’endormir dans une aube éternelle.
Le cœur brûlé d’amour et les yeux de soleil !