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LES AILES D’OR

Le silence a tendu sur l’heure monotone
De son vol bas et lourd les assourdissements.
Je dirai donc tout bas, et pour les seuls amants,
Vos navrantes douceurs, sombres matins d’automne.

II

Par des matins pareils, j’ai traîné sous les bois
L’amour désespéré de mes jeunes pensées,
Comme fait le troupeau des bêtes aux abois
Que la distraite main du chasseur a blessées.

Sous des cieux où le vent de l’aurore, en passant,
Secouait des lambeaux d’azur pâle et de cuivre,
J’ai promené jadis l’amertume de vivre
Ne portant plus au cœur qu’un amour languissant ;