Page:Sigismond de Justh Le livre de la Pousta 1892.djvu/15

Cette page n’a pas encore été corrigée
6
LE LIVRE DE LA POUSTA.

rare à laquelle m’attachaient bien des liens : ses deux frères avaient été les camarades favoris de ma première jeunesse, et l’ami que j’avais aimé, perdu et pleuré tenait de près à sa famille.

C’est de lui que nous eussions parlé si, sans savoir pourquoi, nous n’eussions senti les paroles s’arrêter dans notre gorge. L’ombre du défunt se dressait entre nous et nous ne pouvions rien dire de lui ; son souvenir, au lieu de caresser nos âmes, semblait les étouffer.

À quoi cela tenait-il ? À la musique ? ou à la sentimentale gravité innée chez ma voisine ?

Nous nous tûmes. La voix du violoncelle couvrait les pas pressés des garçons et le chuchotement général où, parfois, perçaient des éclats de rire. Mais nous sentions le silence envahir notre esprit…