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sais plus où je vis. Il y a des souvenirs qui glissent indistincts, des figures effacées qui tourbillonnent et je sens des doigts, des bouches et des tendresses de femmes qui n’osent me toucher, de peur de s’abîmer en me frôlant.

Je reste indifférent ; je n’ai pas de désirs, je crois que je n’ai plus de peine.

Cette descente de passé vivant qui s’achemine vers moi comme un pèlerinage à une ville morte me laisse tranquille infiniment. Je suis cette cité de pierres éteintes, de murs lézardés dans laquelle on vient ainsi qu’en un cimetière pour regarder, pour s’attendrir et pour ne pas vivre.

Il s’est passé, jadis, quelque chose dans ces ruines. Quoi ? On ne se