Mais parlez-moi toujours ainsi et, sur ma foi, il n’y a rien que je ne vous accorde. Vous allez les avoir… (Il lui donne la somme en billets.) Seulement, signez-moi un bon de remboursement.
Lady Teazle. — Oh ! non… Voilà… (Lui offrant la main.) Ma main vaut bien un reçu.
Sir Peter. — Et vous ne me reprocherez plus désormais que je ne vous fasse pas une situation indépendante. Je vous ménage prochainement une surprise… Mais vivrons-nous toujours ainsi, dites-moi ?
Lady Teazle. — Si vous le voulez. Vraiment, je ne doute pas que nos querelles ne prennent bien vite fin, pourvu que vous vouliez convenir que vous y avez renoncé le premier.
Sir Peter. — Eh bien ! oui… Maintenant, si nous nous disputons jamais, que ce soit à qui sera le plus aimable.
Lady Teazle. — Je vous assure, sir Peter, que l’amabilité vous sied à merveille… Vous voilà maintenant comme vous étiez avant notre mariage, quand, dans nos promenades habituelles sous les ormeaux, vous me contiez les exploits galants de votre jeunesse, en me passant la main sous le menton ; et vous me demandiez si je pensais pouvoir aimer un vieux garçon, qui ne saurait rien me refuser… N’est-ce pas cela ?
Sir Peter. — Oui, oui, et autant vous étiez aimable et remplie d’attentions…
Lady Teazle. — Oui, en effet, et je voulais toujours prendre votre défense, quand mes amies se mettaient à vous plaisanter et à vous tourner en ridicule.