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Et moi, le véritable meurtrier, je sentis le remords s’élever dans mon sein : remords impérissable qui devait ne me laisser ni espérance, ni consolation. Élisabeth, en larmes, était aussi plongée dans l’affliction ; mais sa douleur était celle de l’innocence, et semblable à ce nuage qui obscurcit un moment les rayons de la lune, la cache pour un moment, et ne peut en ternir l’éclat. L’horreur et le désespoir avaient pénétré dans le fond de mon cœur ; je portais en moi-même un enfer que rien ne pouvait éteindre. Nous restâmes plusieurs heures avec Justine, et ce ne fut qu’avec beaucoup de peine qu’Élisabeth put s’en éloigner. « Je voudrais, s’écria-t-elle, mourir avec toi ; je ne puis