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DE PERCY BYSSHE SHELLEY

incertain météore pour égarer un honorable enthousiasme, ou pour aveugler d’un bandeau le jugement qui rend la vertu utile. Je n’ai point proposé des plans prématurés, que je serais incapable de mûrir, ni désiré exciter en vous des sentiments enfiellés contre les abus de l’état politique ; toutes les fois que j’ai eu l’occasion d’en parler, j’ai recommandé la modération, et toujours en insistant de tout mon pouvoir sur l’énergie et la persévérance.

J’ai parlé de paix et néanmoins déclaré que la résistance était louable ; mais cette résistance morale que je recommande, je la regarde comme la préparation à ce millenium de vertu dont chacun peut hâter l’avènement, en ce qui le concerne, par ses propres forces.

Je n’ai pas essayé de montrer que les revendications catholiques, ou aucune de ces revendications de droits réels que j’ai formellement reconnus comme préliminaires de cette revendication suprême, celle du bonheur, de la liberté et de l’égalité pour tous, — je n’ai point essayé de montrer que ces revendications peuvent être obtenues conformément à l’esprit de la Constitution anglaise[1].

C’est là un point que je ne me sens pas disposé à discuter, et que je regarde comme étranger à mon sujet.

  1. L’excellence de la Constitution de la Grande-Bretagne me paraît consister dans sa nature vague et changeante, qui la rend susceptible de s’accommoder, sans résistance, aux progrès de la sagesse et de la vertu. C’est cette adaptation que je désire, mais je souhaite la cause avant l’effet.