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ŒUVRES EN PROSE

toutes les distinctions, toutes les institutions, toutes les lois.

La conclusion, dont on leur demandait d’armer les ministres, était que le pouvoir despotique devait être éternel.

Pour produire cette impression salutaire, ils mirent perfidement, dans la tête de quelques paysans naïfs et sans défiance, de commettre un crime dont le châtiment est une mort affreuse.

Les ouvriers d’usine affamés et ignorants, séduits par les magnifiques promesses de ces conspirateurs sanguinaires et sans remords, se groupèrent en ce qu’on nomme une rébellion contre l’État. Tout était préparé, et les dix-huit dragons réunis sans doute à l’avance conduisirent leurs victimes stupéfaites dans cette prison d’où ils ne sortirent que pour être dépecés par la main du bourreau.

Les cruels instigateurs de leur ruine se retirèrent pour jouir des grands revenus qu’ils avaient gagnés par une vie d’infamie. La voix publique fut étouffée par celle des timides et des égoïstes, qui jetèrent le poids de la peur dans les balances de l’opinion publique, et le Parlement confia de nouveau au pouvoir exécutif ces droits extraordinaires que peut-être il ne déposera jamais, à moins que l’assemblée régulièrement constituée de la nation ne les lui arrache des mains.

Pour nous, l’alternative est celle d’un despotisme, d’une révolution ou d’une réforme.