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LYSANDRE

Elle n’a pas surpris Hermia qui dormait !…
Dors bien !… Et puisses-tu n’approcher plus jamais
De moi !… Comme l’excès des choses préférées
Inspire à l’estomac un dégoût véritable,
Comme l’hérésie abjurée
Apparaît la plus détestable,
Ainsi, toi, mon excès, et toi, mon hérésie,
Par le monde, et par moi surtout, sois abhorrée !…
Et vous, mon pur amour, mes soins, ma courtoisie,
Tous les vœux dont mon âme est pleine,
Ne vous consacrez plus qu’au service d’Hélène !

Il suit HÉLÈNE.
HERMIA, s’éveillant.

Au secours ! Au secours, Lysandre !… À l’assassin !…
Arrachez ce serpent qui rampe sur mon sein !…
Ayez pitié de moi !… Ah, quelle affreuse étreinte !…
Quel cauchemar !… Voyez, je frissonne de crainte !…
Il dévorait mon cœur et vous ne bougiez pas !…
Que dis-je ? Vous riiez de ce cruel repas,
Lysandre !… Eh bien, Lysandre ?… Où êtes-vous, Lysandre ?…
Pas un bruit Pas un mot Ah, si tu peux m’entendre,
Réponds-moi, je t’en prie !… Au nom de tes amours,
Lysandre !… Il est parti !… Non Ma raison s’échappe !
J’ai trop peur !… Il viendrait bien sûr à mon secours !…
Ah, que je te retrouve, ou que la mort me frappe !…

Elle sort.