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DÉMÉTRIUS
Je veux m’en aller seul ! Fuis, sinon je te tue !…
Il s’enfuit.
HÉLÈNE

Cette chasse amoureuse m’a toute abattue
Plus je l’implore et moins j’obtiens !…
Bienheureuse Hermia ! Partout tes yeux séduisent !
Ah, ce n’est pas du sel des larmes qu’ils reluisent,
Car mes yeux auraient la ressource
D’être plus brillants que les tiens !
Non ! Je suis laide comme une ourse !
Et si même les bêtes fauves
S’enfuient lorsqu’elles me rencontrent,
Est-il donc étonnant que mon aimé se sauve
Sitôt que je me montre ?…
[Dans quel miroir perfide ai-je pu comparer
Aux beaux yeux d’Hermia mes regards éplorés ?…]
Mais, qu’est-ce là ?… Lysandre à terre !… Dieux puissants,
Est-il mort ?… Endormi ?… Je ne vois pas de sang
Lysandre !… Éveillez-vous si vous vivez encore !…

LYSANDRE, s’éveillant.

Ah !… Que les flammes me dévorent,
Si ton amour l’exige !
Lumineuse beauté ! Forme humaine et divine !
La nature a fait un prodige
En me montrant ton cœur à travers ta poitrine !…
Où est Démétrius ?… Est-il plus vil humain
Qui mérita jamais de périr de ma main ?…

HÉLÈNE

Ne parlez pas ainsi, cher Lysandre ! Si même
Démétrius me renia