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ÉGÉE

Moqueur ! Mauvais garçon ! C’est vrai, je l’aime assez
Pour lui vouloir donner tout ce que je possède !
Or, ma fille est mon bien ; aussi je la lui cède !

LYSANDRE

Seigneur, le sort nous a placés
Tous les deux sur le même rang ;
Nos deux familles sont également anciennes,
Ma fortune égale la sienne,
Et quant à mon amour, il est cent fois plus grand !
Le discours d’Hermia vous permet d’estimer
Que j’ai cet avantage encore d’être aimé !
Je serais fou, dès lors, d’abandonner mes droits.
Mais, puisque leur défense est ici nécessaire.
J’accuserai mon adversaire
D’avoir été, durant des mois,
Le prétendant d’Hélène, enfant du vieux Nédar !
Oui, monseigneur, il eut l’art,
Par d’habiles paroles,
D’engluer cet oiseau que l’amour éblouit,
Si bien que la pauvrette est folle
De cet amant qui la trahit !
Jugez donc mon rival d’après cette imposture !

THÉSÉE

En effet ; l’on m’avait conté cette aventure ;
Et j’en aurais parlé si, depuis quelques jours,
Je n’étais absorbé par mes propres amours.
C est une affaire d’importance
Qui mérite examen. Suivez-moi, tous les deux !