let.) Ah, camarade, sur ma foi, il se fait tard ; je vais me reposer. (Tous sortent, excepté Juliette et la nourrice.)
JULIETTE. — Viens ici, nourrice : quel est ce gentilhomme là-bas ?
LA NOURRICE. — Le fils et l’héritier du vieux Tiberio.
JULIETTE. — Quel est celui qui passe la porte à présent ?
LA NOURRICE. — Pardi, c’est, je crois, le jeune Petruchio.
JULIETTE. — Et quel est celui qui suit, et qui n’a pas voulu danser ?
LA NOURRICE. — Je ne sais pas.
JULIETTE. — Va, demande son nom : — s’il est marié, mon tombeau risque fort de me servir de lit nuptial. (La nourrice sort et revient.)
LA NOURRICE. — Son nom est Roméo, et c’est un Montaigu, le fils unique de votre grand ennemi.
JULIETTE. — Le seul amour que je puisse ressentir, inspiré par le seul objet que je doive haïr ! toi que j’ai vu trop tôt sans te connaître, et que j’ai connu trop tard i Quel amour monstrueux vient de prendre naissance en moi ! il me faut aimer un ennemi abhorré.
LA NOURRICE. — Que dites-vous ? que dites-vous ?
JULIETTE. — Des vers que je viens d’apprendre, il y a un instant, de quelqu’un qui dansait avec moi. (On appelle de l’intérieur : Juliette !)
LA NOURRICE. — Voilà, voilà ! Allons, rentrons, tous les étrangers sont partis. (Elles sortent.)
LE CHŒUR. — Maintenant l’ancien désir agonisé sur son lit de mort, et une jeune passion aspire à être son héritière ; cette beauté pour laquelle l’amant soupirait et voulait mourir, comparée à la tendre Juliette, n’est plus belle. Maintenant Roméo est aimé, et il change d’amour ; tous deux sont ensorcelés par la magie du regard. Mais il voudrait pouvoir faire entendre ses plaintes à son ennemie supposée ; et elle, voudrait dérober aux hameçons