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ACTE I, SCÈNE II.

MERCUTIO. — C’est-vrai, car je parle des rêves, -enfants d’un cerveau oisif, qui ne sont engendrés par rien que par une vaine fantaisie, d’une substance aussi mince que l’air, et d’une inconstance plus grande que celle du vent, qui tout à l’heurécaresse le sein glacé du Nord, puis soudainement courroucé, part en soufflant et tourne sa face vers le Sud qui distille la rosée.

BENVOLIO. — Le vent, dont vous parlez, nous souffle nous-mêmes hors de nous-mêmes. Le souper est fini, et nous arriverons trop tard.

ROMÉO. — Trop tôt, je le crains ; car. mon âme a le pressentiment que certain événement encore retenu dans les astres commencera -douloureusement ses redoutables péripéties avec les réjouissances de cette nuit, et marquera le terme de cette vie délestée enfermée dans mon sein, par quelque cruelle sentence de mort prématurée : mais que celui qui tient le gouvernail de ma vie dirige mes voiles ! — En avant, gais gentilshommes !

BENVOLIO. — Bats, tambour. (Ils sortent.)


Scène V.

Une salle dans la maison de CAPULET.
Des MUSICIENS sont installés. Entrent des VALETS.

PREMIER VALET. — Où est donc Casserole, qu’il ne nous aide pas à desservir ? lui changer une assiette ! lui essuyer une table ! ah bien, oui !

DEUXIÈME VALET. — Lorsque les bonnes manières seront toutes entre les mains d’un ou deux hommes seulement, et que ces mains ne seront pas lavées, ce sera une sale affaire.

PREMIER VALET. — Enlève les tabourets ; recule le buffet22, veille à l’argenterie : — dis-moi, mon brave, tache de me mettre de côté un morceau de frangipane23, et si tu veux être bien aimable, dis au portier de laisser entrer Suzanne Lameule et Nella. — Antoine ! Casserole24!