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ROMÉO ET JULIETTE

trerai brillant à cette fête, et celle qui vous paraît maintenant, si belle paraîtra presque médiocre.

ROMÉO. — J’irai, non pour qu’on me montre une telle beauté, mais afin de jouir de la splendeur de celle que j’adore. (Ils sortent.)


Scène III.

Un appartement dans la maison de CAPULET.
Entrent MADONNA CAPULET et LA NOURRICE.

MADONNA CAPULET. — Nourrice, où est ma fille ? dis-lui de venir me trouver.

LA NOURRICE. — Vraiment, sur mon pucelage, — quand j’avais douze ans, — je lui ai ordonné de venir — Hé, mon agneau ! Hé, mademoiselle papillon ! — Qu’est-ce que je dis là ? Dieu veuille qu’elle ne le soit pas, Demoiselle papillon ! Où est cette fillette ? — Hé ! Juliette.

Entre JULIETTE.

JULIETTE. — Qu’y a-t-il ? Qui m’appelle ?

LA NOURRICE. — Votre mère.

JULIETTE. — Me voici, Madame. Quelle est votre volonté ?

MADONNA CAPULET. — Voici l’affaire : — nourrice, laisse-nous un instant ; nous avons besoin de parler en secret. — Nourrice, reviens ; je me ravise, tu prendras part à notre entretien. Tu sais que ma fille commence à être d’un âge raisonnable.

LA NOURRICE. — Ma foi, je puis dire son âge à uné heure près.

MADONNA CAPULET. — Elle n’a pas quatorze ans.

LA NOURRICE. — J’engagerais quatorze de mes dents, — et cependant, pour le dire à mon regret, je n’en ai que quatre, — qu’elle n’a pas quatorze ans : combien y a-t-il de temps d’aujourd’hui à la Saint-Pierre-aux-Liens ?

MADONNA CAPULET. — Une quinzaine et quelques jours.