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tres disent que ce ne fut point là le songe de Calpurnia. Il y avait au faîte de la maison de César, par décret du sénat, un pinacle qui y était comme un ornement et une distinction, s’il faut en croire Tite Live. Calpurnia avait songé que ce pinacle était brisé, et c’était là le sujet de ses gémissements et de ses pleurs. »

8. Cet Artémidore était de Cnide et enseignait à Rome l’éloquence grecque. En sa qualité de lettré grec, il était lié avec Brutus, et il avait eu ainsi le moyen de connaître une partie de ce qui se tramait contre César.


ACTE III.


1. Ces paroles célèbres de César tombant ne se trouvent pas dans Plutarque ; Suétone les rapporte, mais comme ayant été dites en grec, kai su teknon !

2. Avec quel génie Shakespeare s’est servi pour ce discours d’un détail que lui fournissait Plutarque ! Brutus était célèbre par la concision affectée de ses paroles, et le discours que Shakespeare lui fait tenir est énergique jusqu’à la fatigue et condensé jusqu’à l’obscurité. « Brutus, dit Plutarque, s’était assez exercé dans la langue romaine pour haranguer les soldats et pour plaider dans les procès : quant à la langue grecque, on voit à chaque instant dans ses lettres qu’il y affectait une brièveté sentencieuse et laconienne. Ainsi, au commencement de la guerre, il écrit aux habitants de Pergame : « J’apprends que vous avez donné de l’argent à Dolabella : si vous l’avez donné de bon gré, avouez votre tort ; si c’est de mauvais gré, prouvez-le en m’en donnant de bon gré. » Il écrit aux Samiens : « Vos délibérations sont longues et les effets en sont lents. Quelle en sera, pensez-vous, la fin ? » Et cette lettre au sujet des Pataréens : « Les Xanthiens dédaignant ma clémence, ont fait de leur patrie le tombeau de leur désespoir. Les Pataréens en se livrant à moi ont couronné leurs privilèges avec leur liberté. Vous pouvez avoir ou le bon sens des Pataréens, ou le sort des Xanthiens : choisissez. » Voilà quelques échantillons du style épistolaire de Brutus. » (Plutarque, Vie de Brutus.)

3. Le terrain sur lequel les Romains brûlaient les corps n’était pas tenu pour terre sacrée, mais seulement l’endroit où les cendres étaient ensevelies, lisons-nous dans une note de l’édition Peter et Galpin. Sans doute, mais ce n’est ni à un terrain consacré comme un cimetière ni au terrain sur lequel on brûlait les corps d’ordinaire que Shakespeare fait ici allusion. Il est très-probable que cet ignorant de Shakespeare qui avait tout lu fait allusion ici à un tout autre lieu consacré. En effet, nous lisons dans Suétone que quelques-uns des révoltés voulaient qu’on brûlât le corps dans le sanctuaire de Jupiter, et d’autres dans la salle de Pompée.

4. Octave César ne fut pas d’abord l’ami d’Antoine comme Shakespeare le rapporte et son arrivée à Rome ne fut pas non plus aussi